Les valets de l’oppresseur

Les valets de l’oppresseur

Quand l’abjection et la lâcheté rencontrent la trahison, ils tirent l’intelligence vers les bas-fonds de la sagesse. Dans les abysses où l’intelligence couple désormais avec la moisissure, la décomposition des cerveaux engorge les dernières voies vers la raison. Ce n’est pas du tout une dystopie… C’est le monde de la terreur dans lequel il n’y a plus de place à la lumière de l’esprit car le meurtre et l’injustice y sont maîtres !

Peut-on parler du respect dans un pays où la justice est l’otage des gueux, des quémandeurs de la chasteté céleste et des mythomanes innés, dépravés, déguisés en seigneurs vertueux ? Devrait-on parler de la nation dans un pays où des clans s’entre-déchirent pour garder leurs mains sales sur ce qui semble leur appartenir ? Devrait-on garder le silence face à la misère que ces criminels de l’ombre sèment dans les âmes, la terreur par laquelle les sanguinaires élaguent les ailes de l’espoir ? Devrons-nous nous plier devant ces épouvantails de la République qui ne sont que des valets…!?

Valets de l’oppresseur,

Le soleil de l’amertume a juré de ne plus quitter le ciel de l’Algérie, comme si Bouteflika lui avait confié sa haine, son mépris et son secret de vengeance. Il avait décidé – parait-il – d’humilier le peuple jusqu’au tremblement de ses derniers piliers qui le tiennent debout. 20 années de monarchie républicaine qui ont conduit au déshonneur, à la corruption, au despotisme et à la déchéance de la république ; 4 mandats ont laissé une mosquée inachevée, des hôpitaux désertés, des universités délabrées et une jeunesse désespérée… Après avoir été achetés comme des vulgaires choses par l’argent sale volé au peuple, pourriez-vous [dés]honorables terrestres soudoyer le ciel pour arracher la dépouille de votre « Majesté » des griffes de l’Au-delà ? Devriez-vous brûler le firmament pour que les étoiles abdiquent devant la nébulosité de l’univers ? Hélas ! La lumière ne se plie pas devant l’obscurité.

Valets de l’oppresseur,

La bassesse du Président fantôme n’est que « The dark side of the moon ». Menteur, arrogant et sans personnalité aucune, il enfonce le sabre dans le corps de cette Algérie violée par les Seigneurs de l’ombre. Par intérêts, vous avez fait votre choix… le choix de se mettre du côté de l’oppression et de l’injustice que de la voie/voix du changement. Les bourgeois ont également choisi Hitler plutôt que le Front populaire, et l’Histoire nous a mis face aux crimes de l’arrogance d’un homme, sa cupidité, sa haine raciale et ses complexes nourris par les démons du passé. Les nouveaux Suzerains de l’Algérie sacrifiée optent plutôt pour le génocide et le crime, la prise en otage de la liberté de penser, la discorde et les mensonges d’État, le banditisme que la justice sociale, l’égalité des chances, la liberté et la démocratie. Ces Seigneurs de l’asservissement courbent pourtant l’échine devant leurs homologues et osent montrer leurs courroux face à une population manipulée, appauvrie et apeurée.

Le président Teboune n’a pas trouvé mieux que d’obéir aux ordres de quelques criminels qui ont décidé de saigner particulièrement la Kabylie, la brûler symboliquement, l’isoler et l’humilier pour que le monument du déshonneur ait un piédestal sur le cadavre de la Liberté. Pour honorer son indignité à la tête de ce corps en état de décomposition (que l’on appelle Algérie), il a choisi le mensonge, la trahison, le camp de la lâcheté… Le bilan est très lourd pour une petite conscience et un président sans personnalité : des centaines de vies humaines fauchées, des espoirs brisés, des foyers détruits à jamais, un crime écologique inoubliable. Teboune sans aucune grandeur a préféré sacrifier le corps de la dignité et l’honneur de la justice que de servir le rêve des générations montantes. Hélas ! « فاقد الشيء ﻻ يعطيه ».

Valet de l’oppresseur

Après 60 années d’indépendance, le néocolonialisme mené par l’armée des frontières et les DAF [les déserteurs de l’armée française] a voulu redéfinir la culture, l’identité et même la spiritualité : un seul président, un seul drapeau, un seul territoire, une seul religion, un seul Dieu, une seule langue, un seul parti,… un seul gagnant. 60 années d’amateurisme politique et de défaillance économique… Le constat est amer… L’histoire parait-il se bute contre la digue du déshonneur que les décideurs ont érigé en monument, irrigué par le sang du peuple dépourvu de sa liberté, et la démocratie semble avoir perdu de place entre le totalitarisme de la junte militaire et l’islamisme des suppôts du diable. Qu’a-t-on gagné après le sacrifice des milliers de personnes sur l’autel de la cupidité ? Qu’a-ton gagné après la danse funèbre des fous de Dieu, l’opportunisme de certains mafieux capitalistes qui gagnaient sur les deux rives : « Naufrage d’une société où la raison et l’intelligence ont abdiqué, disait Tahar Djaout en 1993. Naufrage d’une société à laquelle on a inculqué la négation d’elle-même et la négation du monde, à laquelle on a confectionné une identité en forme de mirage et un idéal qui prend l’histoire à reculons. »

Valets de l’oppresseur,

La jeunesse d’aujourd’hui offre sa dernière chance aux eaux froides de la Méditerranée que les promesses chaudes et mensongères d’un président-épouvantail. Elle choisit le naufrage qui lui ouvre la porte d’un monde meilleur, un monde loin des fantômes de la république, loin de la terreur, loin de la dictature qui ne dit pas son nom et de la lâcheté des généraux autopromus. La jeunesse a décidé depuis longtemps de rompre avec la nation qui abrite à la tête du gouvernement des trafiquants de drogues, des tortionnaires qui prient Dieu, des racistes protégés par la loi et l’État, des haineux appellent au meurtre au vu et au su des autorités … La jeunesse cherche un autre ciel où la vie n’est plus un mirage, un pays où l’on respecte l’individu et lui ouvre les portes pour qu’il vive pleinement sa citoyenneté. Partout dans le monde. Sauf en Algérie, car la grandeur ne se gagne pas par l’argent que l’on vole au peuple pour les intérêts des gueux. La grandeur des hommes et des femmes ne se trouvent pas sur les chemins de l’obscurantisme, au sein d’une religion assujettie où le mensonge s’élève en vérité ; elle ne se trouve pas dans les caniveaux de la république prise en otage par l’autocratie de quelques impotents et ventripotents. La dignité niche sur les hauteurs, sur la cime de la noblesse de l’âme,… chose qui vous manque, et vous manquera, même après que les pierres tombales aient une place pour couvrir ces corps sans valeur, cet amas d’os et de chair tristement anéantis par la culpabilité.

Valets de l’oppresseur,

Quel pays vos maîtres souhaiteraient-ils léguer aux générations futures ? Quel pays saurait les accueillir dans l’honneur et la dignité, pour faire face à un monde en ébullition ? Celui d’une terre déchirée par une guerre civile entre la Kabylie et le reste de l’Algérie ? Celui des hommes de déshonneur qui représentent l’État jacobin de l’Algérie, un État où le Magistrat flirte avec le criminel pour asservir la raison et condamner l’innocent, la Justice méprise les juges (non alignés) et les avocats qui défendent les droits des opprimés ? Quelle Algérie souhaiterez-vous montrer au monde : un pays où la lâcheté a pris les armes contre le courage et la dignité, où la terreur – maitresse du crime – conjure le royaume céleste en psalmodiant des versets méphistophéliques ? Quelle justice si ce n’est celle de l’inquisition où le Procureur obéit servilement aux ordres de la mafia, le juge méprise les avocats, la vérité n’a plus de prix devant l’argent promis ? Quelle société si ce n’est pas celle de la déchéance où les voyous sont rois, font la loi sans foi, où la vie humaine n’a pas de prix ? Quel nom laisserez-vous derrière vous si ce n’est celui des lâches et des valets de l’oppression.

Valets de l’oppresseur

Le territoire national est devenu un grand centre de détention. De l’illégitimité et l’asservissement de la justice au comportement qui relève du banditisme de la BRI, la liberté semble être traquée par la bêtise et l’incompétence du régime, chose qui nous renvoie à l’amateurisme des décideurs. A ce propos, aucun secteur n’est épargné : l’économie lèche les parois de la faillite ou la corruption a atteint même l’innocence des enfants ; la société vit au dépourvu du « destin » manipulé par les forces occultes qui règnent d’une main de fer sur l’Algérie ; L’Éducation, victime de l’incompétence inoculée par l’ankylose des décideurs, produit des valets, des laquais, des serviteurs sans esprits d’analyse; la spiritualité se trouve enchaînée aux complexes des uns et aux intérêts des autres. Rien ne va, les bandits font tout : ils arrêtent les manifestants pacifiques, perquisitionnent les maisons, violentent les fragiles et condamnent même les agriculteurs. Ça dépasse la dystopie ! « 1984 » passe pour un harlequin devant l’amateurisme de vos maitres !

Valets de l’oppresseur

Après des mois de rumination, le jour de l’illumination est arrivé ! Vos maîtres n’ont pas trouvé mieux pour détourner les regards sur les crimes orchestrés contre la Kabylie (et ça ne date pas d’aujourd’hui) que d’accuser Ferhat Mehanni, d’arrêter des centaines de militants (ou sympathisants du MAK), des universitaires, des artistes, des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme, et même des personnes à mobilité réduite n’ont pas échappé à la folie de « ces lâches illuminés ». Décidemment, vos maîtres excellent dans la production des scénarios de bas de gamme qui nous renvoient à un amateurisme politique (in)digne des Républiques bananières.

Le génie a vu le jour en Algérie : incriminer le défenseur des libertés avec un amour sans limites pour la Kabylie et innocenter – par lâcheté et intérêt – les criminels qui ont déjà sombré le pays dans l’infraction, le chaos et la déchéance économique. Seraient-ils prêts à reproduire la décennie noire pour le seul objectif de voir encore tous les criminels à la tête de l’État ? Seront-ils prêts à reproduire d’autres scénarios de bas de gamme pour soi-disant nous convaincre de la présence du terrorisme en Kabylie ? Les décideurs sont-ils prêts à sacrifier douze millions de Kabyle et « engager des années d’effusion de sang » pour maintenir le pouvoir ?

Valets de l’oppresseur

Vos maîtres ont le culot de déclarer la Kabylie comme « région terroriste » et le MAK en particulier « organisation terroriste ». Ils ont le génie de mettre le MAK et Rachad dans le même panier comme s’ils nourrissaient le même dessein pour l’Algérie et particulièrement la Kabylie. Si la Kabylie s’oppose à la junte militaire en particulier et le système en général, ce n’est pas pour choisir le camp du terrorisme qu’elle a su combattre et honnir dès ses premières pérégrinations. Et si la mémoire vous fait défaut, je vous le rappelle avec honneur : au moment où les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la France se cloitraient derrière des inepties politiques et des incompétences auxquelles l’Histoire a horreur de donner un nom, au moment où des milliers d’Algérien(ne)s se faisaient massacrer au vu et au su des autorités, la Kabylie a repoussé le terrorisme islamiste et protégé ses villages. La souillure n’a pas de place sur cette terre forgée par l’adversité ! « Car le pays auquel on appartient est comme le prolongement physique du corps de tout homme ».

Dites-le à vos maîtres, à ces sanguinaires qui souhaiteraient un autre bain de sang : Malgré les milliers d’indicateurs implantés dans les villages, la Kabylie des hommes et des femmes dignes ne se pliera jamais devant l’injustice. Les arrestations arbitraires et les prises en otage que l’on dicte quotidiennement, les détentions arbitraires et les kidnappings n’ont pas de poids et ne pourront jamais amputer les ailes de la liberté ; les incendies qui brûlent les maisons, les terres, les montagnes, n’étancheront jamais la soif pour la justice et l’amour que les nobles ont pour l’honneur et la vertu. En Kabylie, comme l’ont déjà chanté, un homme qui tombe sera remplacé par son frère.

La dignité est plus honorable que les millions que l’on vous mette comme bâillon pour fermer la gueule sur la vérité. La liberté et la justice sont deux rayons de soleil qui ne se plient pas devant la terreur de l’obscurité et l’obscurantisme. Vous croyez gagner par la bassesse ? Triompher dans les bas-fonds de l’intelligence… ? Quelle victoire ? « Même dans la Victoire, il n’est pas de Beauté, disait Lao-Tseu. Et celui qui la nomme belle est de ceux qui trouvent de la joie dans le massacre, le meurtre, l’effusion de sang. Et celui qui trouve la joie dans les massacres ne réussira pas dans son ambition à gouverner le monde. [Car le monde est gouverné par des hommes et des femmes de valeurs]. Des lamentations de deuil devraient accompagner les foules égorgées… Et la Victoire devrait être célébrée en des rites funèbres. »

En guise de conclusion, acceptons-nous le silence en face de cette abjection prescrite et imposée, dictée et ordonnée par les officines obscures et le pouvoir parallèle en Algérie ? Accepterons-nous le viol symbolique que subit la Kabylie ? Accepterons-nous le poids de l’insulte et de l’injustice ? Chaque silence est une pierre tombale que nous préparons pour le tombeau de l’innocent, le brûlé vif, le déchu et l’affamé… Chaque silence est une balle de plus dans le cadavre de l’innocence que l’on a injustement condamné à vivre sa pauvreté (à perpétuité) dans la mémoire des oubliettes.

Chaque silence est une mort en soi.

À bas la dictature des gueux

À bas la justice qui obéit aux ordres…

À bas la lâcheté des épouvantails de la république

À bas les suppôts et les valets de l’oppresseur

Que vive la liberté d’un jour que la lâcheté de toujours !

Hace MESS

Awal s teɣzi, s tehri.

«  Il y a des hommes qui luttent un jour et ils sont bons,

d’autres luttent un an et ils sont meilleurs,

il y a ceux qui luttent pendant de nombreuses années et ils sont très bons,

mais il y a ceux qui luttent toute leur vie et ceux-là sont les indispensables ».

Bertolt Brecht

Mot sur l’auteur

Après avoir passé la grande partie de sa vie en terre natale, la Kabylie, il part en France en 2003 pour poursuivre ses études en électrotechnique. En 2008, il part au Canada pour une aventure jusqu’à 2015. Poète, auteur de théâtre, comédien et metteur en scène, il écrit dans les deux langues: sa langue maternelle, le kabyle, et le français.

Il a adapté en kabyle plusieurs œuvres (nouvelles, poèmes, pièces de théâtre) d’auteurs étrangers : Félix Leclerc, Rose Reginald, Charlie Chaplin, Émile Zola, Garcia Marquez, Tchekhov, Khalil Gibran, Jack London, Percy Kemp, Georges Orwell, Léo Ferré, Ésope, Confucius, Bertolt Brecht, Luxun, Roland Magdane, Audrey Schebat, Ibsen, Jodorowsky, Oscar Wild,  Jacques Brel, Graeme Allwright, Mahmoud Darwich, etc.

       Publications :

  • Les rides du temps (poésie);
  • La douceur de l’amertume (théâtre).

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Un espace entre deux moments, entre deux histoires, un espace entre deux, tout court.

Un site dédié à tout ce qui nous fait hésiter entre deux cultures, l’une ancestrale dont le goût est encore dans nos bouches, l’autre que nous vivons parfois la bouche béante,

Un intermède entre deux peurs, l’une de ne plus réussir à embrasser la culture universelle et l’autre de ne plus pouvoir garder celle que l’on a.

Exister entre deux mondes, l’un comme dans notre conscience, une chambre noire dans laquelle nous reconnaissons l’artiste qui allume une bougie pour nous éclairer l’objet qu’il veut que l’on contemple avec des yeux intelligents au lieu de fixer son visage éclairé par l’aura vacillante de sa chandelle; l’autre, comme le subconscient, au bout d’un tube cathodique, d’un transistor ou d’un moniteur LCD, des objets  qui nous fixent et nous abêtissent par leur ficelles téléguidées par des marionnettistes qui n’ont d’aura que l’outrecuidance d’un fard exagérément éclairé,

Vivre dans l’hésitation entre d’une part, une envie de sombrer dans un somme qui nous amène des rêves éclairés et de l’autre part, l’obligation de rester éveillé de peur de rater le spectacle quotidien de son cauchemar ténébreux,

Rêver de deux générations, de deux temps, l’un dépassé, nous est conté par des anciens trop fiers de leurs épopées; l’autre présent, nous est devenu étranger par des contemporains trop rêveurs du futur simple pour s’attarder sur les lâchetés quotidiennes,

Entre deux souffrances d’un artiste, celle de se sentir suffoquer par la douleur d’une idée qui veut voir le monde au prix de sa santé et celle, encore pire, de subir les plus viles ingratitudes d’incultes et de rustres rompus à l’art rétrograde de briser le printemps de ces milliers de pousses et greffons qui pourtant n’ont de vie que l’éphémère souffle des vocables et d’une haleine fétide, l’art ingénu de briser la parole de ceux qui ne la prennent que pour porter haut et fort celle des milliers de damnés, l’art trop facile de noircir les jours des bons intentionnés qui se lèvent bien avant les premiers rais de l’aube afin de se sentir capables de passer au travers des filets du cocon que l’on a tissés depuis la nuit des temps et qui ne se couchent que longtemps après que les mauvaises langues se soient tues et les gardiens du temple se soient endormis pour laisser enfin libre le passage au son mélodieux de l’inspiration pourtant trop peureuse le jour et pas toujours encline aux longues veillées, laisser enfin passer le souffle des anges qui murmurent les plus douces paroles et susurrent les plus audacieuses des images….. 

Un site où la plume vacille entre deux façons de tracer ses sillons, entre deux langues pour écrire ses cultures, deux imaginaires pour décrire ses mondes, deux burins pour graver nos âmes, deux danses pour traverser ses entre-lignes, deux transes pour dépasser nos tabous, deux envolées pour humilier nos frontières, deux regards pour dégeler nos fixations, deux verbes pour faire pousser un printemps, le printemps de la poésie : puiser et épuiser.  Puiser dans toutes les cultures et épuiser toutes les incultures.

Zahir Ouali

Nedjma ou l’amour impossible

Ce sont des âmes d’ancêtres qui nous occupent, substituant leur drame éternisé à notre juvénile attente, à notre patience d’orphelins ligotés à leur ombre de plus en plus pâle, cette ombre impossible à boire ou à déraciner, – l’ombre des pères, des juges, des guides que nous suivons à la trace, en dépit de notre chemin.

« Nedjma » – Kateb Yacine