Leğruḥ tteqden, ḥellun ; yir lehdur qazen rennun

Tamɛayt n wassa, yel yiwen amek i tt-id iḥekku, yel yiwen amek i tt-id yettawi. Llan widen i d-yeqqaren d tameṭṭut, tesɛa argaz ur yezmir ara, tettruḥ tzeddemd yettɛawan-itt-id yizzem. Wiyiḍ qaren tadyant-a d waɣzen, mačči d izzem… Kra  qqaren ɣer tagara a tt-yečč, wiyiḍ a d-ḥekkun yeğğa-tt kan a ttruḥ…

Oscar Wilde chez les Kabyles

Adaptation libre de la nouvelle « l’ami dévoué » d’Oscar Wilde.

L’Ami dévoué est une vue bien pessimiste de l’amitié : égoïsme de l’un, naïveté confiante de l’autre, la victime.
« De vrais amis possèdent tout en commun, avait l’habitude de dire le meunier.
« Moh N Waxtin » approuvait de la tête, souriait et se sentait tout fier d’avoir un ami qui pensait de si nobles choses.
Parfois, cependant, le voisinage trouvait étrange que le riche meunier ne donnât jamais rien en retour au petit Moh… »

Amek almi di zman iğenğunen, di zman n la « téchnologie »… medden wḍen s aggur, wiyiḍ mazel-iten heddren ɣef akal; heddren ɣef ssuq, igenwan d wayen yeğğa zman. Tura kulci d uzzel, kulci d ayla, kulci d sεaya. Ayen yellan ger-aneɣ…. Taqbaylit-agi ifellaḥen, ixeddamen, yeğğa-tt lḥal…. Akka! Yiwen i teddu s nniya, iɣil medden akw d atmaten. Wayeḍ yufa-tt d lemziya, yettsumu deg’sen yekfaten.

Sabrina Azzi : L’hyène qui voulait se faire lion

Cette nuit là était plutôt morose et les étoiles avaient déserté le ciel. Une atmosphère lourde pesait sur les êtres vivants comme si une chape de plomb descendait inexorablement du ciel pour enserrer la planète terre jusqu’à l’étouffement. Cette lourdeur envahissait les cœurs dont les battements semblaient ralentir jusqu’à menacer de s’éteindre. Les hommes, les animaux, les plantes, tous ces êtres vivants paraissaient torturés d’une une peine indicible !

Ce soir là, la tristesse envahissait aussi l’hyène, nommée Tifist. La tête affaissée, le regard sans éclat, cette hyène était contrariée par ce calme soporifique et cette nature qui lui semblait alourdie, se dérobant sous ses pieds.

Comme chaque soir, l’hyène sortit de son marécage mais cette fois là, elle avait pris la décision de ne plus y remettre les pieds.

Oui c’est fini, se dit-elle. Je m’enkyste dans ce monde des hyènes sensé être le mien. Il n’est plus le mien, il a tourné le dos à l’espoir et je m’y sens étrangère. Pfff ! quelle laideur, quel dégoût ! Des hyènes sans envergure paraissent adulées par la meute. Alors quoi y faire quand les valeurs de groupe sont travesties pour profiter aux individus les plus médiocres, les plus insignifiants. Moi il me faut le grand large, oui les grands espaces où je brillerai comme une étoile.

Plus question de revenir vers la tanière qui l’avait vue naitre et grandir. C’est que Tifist en avait assez de vivre avec ses semblables que les femelles dominent et où les omnigames, comme elle, doivent se cacher pour vivre leur vie.

Elle vivait mal le fait que son image, comme celle de son espèce, soit repoussante. Dans un mouvement sec, presque violent, elle se secoua à plusieurs reprises comme pour faire sa toilette et prendre soin de son hygiène en se débarrassant des corps étrangers sur ses poils. Tifist partit d’un pas décidé et dit adieu à la petitesse de son quotidien pour aller à la recherche de la grandeur, de la gloire, de l’inconnu…

Elle marchait dans la forêt, elle marchait jour et nuit pour atteindre de nouveaux continents. Fière mais vigilante car étrangère à ce nouveau territoire marqué par les odeurs d’animaux plus gros et sans doute prédateurs. Au moindre bruit, elle se tapit derrière les arbres ou se dissimula dans les buissons épais et humides. Mais de temps à autre, elle éleva la voix pour signifier à qui veut l’entendre qu’elle n’a peur de personne. Au fond d’elle-même elle tremblait sans discontinuer. Alors pour se rassurer, elle se mit à parler à haute voix.

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Sabrina Azzi : Le rêve de la gazelle

« C’est une histoire qui n’a pas de fin…chaque lecteur y apportera sa touche et en poursuivra le fil d’Ariane.

Qui ne souhaiterait pas fermer les yeux et écouter, tout simplement écouter? Écouter avec le cœur comme nous faisions du temps où nos mères, nos grand-mères intarissables, nous contaient de leur voix douce et rassurante de fabuleuses histoires qui nous ont tant bercés, qui nous ont transportés dans des mondes magiques, des mondes qui ont façonné nos rêves, modelé nos esprits.

Écouter de tout notre être pour entrer par la grande porte dans le monde enchanteur où grouillent des personnages multiples qui hantent notre imaginaire collectif kabyle : waghzen (l’ogre), tteryel (l’orgresse), a3eqqa yessawalen (le grain magique), tafunast igujilen (la vache des orphelins)… Communiquer avec le pouvoir guérisseur des mots de notre langue toujours vivante malgré des siècles d’hostilité. »



Mohammed Dib chez les Kabyles.

Né à Tlemcen en 1920. Probablement le plus grand écrivain maghrébin. Avant la seconde guerre mondiale il est instituteur près de la frontière marocaine. Plusieurs métiers dont dessinateur de maquettes de tapis réalisés à la pièce, car Mohammed Dib est aussi un peintre confirmé; il est employé par « Alger républicain », qu’il quitte en 1951. Il est expulsé d’Algérie en 1959. Il s’installe dans le sud de la France. Après de nombreux voyages dans les pays de l’est ou au Maroc, il choisit de vivre dans l’ouest de l’agglomération parisienne. Il est professeur à l’université de Californie en 1974. Part en Finlande en 1975, où il retourne de nombreuses fois. Grand Prix de la Francophonie en 1994. Prix Mallarmé pour L’Enfant-Jazz en 1998. Mort à La Celle Saint-Cloud le 2 mai 2003.

Un Libanais chez les Kabyles

Adaptation d’une nouvelle de Percy Kemp (*).

In Amnesty international – « Nouvelles pour la liberté ».


(*) Percy Kemp est né en 1952 à Beyrouth, d’un père britannique et d’une mère libanaise. Alors que ses deux langues maternelles sont l’anglais et l’arabe, il a fréquenté, comme beaucoup des jeunes de Beyrouth, une école française. Le partage entre trois langues et trois cultures aura d’ailleurs une large influence sur ses romans. Percy Kemp a étudié l’histoire à Oxford, à la School of Oriental and African Studies, puis à la Sorbonne.

Khalil Gibran chez les Kabyles.

« Le musicien peut chanter pour vous la mélodie qui est en tout espace. Mais il ne pourrait vous donner l’oreille qui saisit le rythme, ni la voix qui lui fait écho. »

Khalil Gibran.

 

Lorsque l’amour vous fait signe suivez-le,
Bien que ses chemins soient escarpés et sinueux.
Et quand ses ailes vous étreignent, épanchez-vous en lui,
En dépit de l’épée cachée dans son plumage qui pourrait vous blesser.
Et dès lors qu’il vous adresse la parole, croyez en lui,
Même si sa voix fracasse vos rêves, comme le vent du nord saccage les jardins.
Car comme l’amour vous coiffe d’une couronne, il peut aussi vous clouer sur une croix.
Et de même qu’il vous invite à croître, il vous incite à vous ébrancher.
Autant il s’élève au plus haut de vous-même et caresse les plus tendres de vos branches qui frémissent dans le soleil,
Autant cherche-t-il à s’enfoncer au plus profond de vos racines et à les ébranler dans leurs attaches à la terre.
Pareilles à des brassées de blé, il vous ramasse et vous enlace.
Il vous bat au fléau pour vous mettre à nu.
Il vous passe au tamis pour vous libérer de votre balle.
Il vous moud jusqu’à la blancheur.

Le prophète – Khalil Gibran

Luxun chez les Kabyles.

Un Chinois chez les Kabyles.

Adaptation libre de la nouvelle « Le journal d’un fou » de Luxun.

Quelques années plus tard, Shuren part pour le Japon, à Sendai, où il a décidé de faire des études en médecine, dans l’idée de sauver ses compatriotes toujours privés de vrais soins médicaux, parce qu’ils sont abandonnés, comme son père l’a été, aux mains de charlatans. Mais un jour, brusquement, il abandonne son projet : un des professeur, après avoir projeté des clichés de bactéries, a terminé le cour en donnant à voir un épisode de la guerre russo-japonaise (les Russes et les Japonais se battent alors pour l’annexion d’une province chinoise, enrôlant de force les habitants du pays). Le cliché montre un Chinois exécuté pour « trahison » par des japonais, sous le regard passif de ses compatriotes… « Ce n’est pas la peine, se dit Shuren, de soigner le corps si les âmes sont malade. » Comme, pour sauver les âmes, il n’y a, pense-t-il, que la littérature, il réunit quelque amis et fonde sur-le-champ une revue dont il arrive à publier quelques numéros (Hugo, Jules Verne d’abord — qu’il traduit-pour donner aux enfants chinois d’autres modèles que les exemples ridicules et nocifs dont sont bourrés les manuels classiques de piété filiale), avant de devoir renoncer, faute de moyens.

Guy de Maupassant chez les Kabyles.

On le connaissait à dix lieues aux environs le père Toine, le gros Toine, Toine-ma-Fine, Antoine Mâcheblé, dit Brûlot, le cabaretier de Tournevent. Il avait rendu célèbre le hameau enfoncé dans un pli du vallon qui descendait vers la mer, pauvre hameau paysan composé de dix maisons normandes entourées de fossés et d’arbres.Elles étaient là, ces maisons, blotties dans ce ravin couvert d’herbe et d’ajonc, derrière la courbe qui avait fait nommer ce lieu Tournevent. Elles semblaient avoir cherché un abri dans ce trou comme les oiseaux qui se cachent dans les sillons les jours d’ouragan, un abri contre le grand vent de mer, le vent du large, le vent dur et salé, qui ronge et brûle comme le feu, dessèche et détruit comme les gelées d’hiver.Mais le hameau tout entier semblait être la propriété d’Antoine Mâcheblé, dit Brûlot, qu’on appelait d’ailleurs aussi souvent Toine et Toine-ma-Fine, par suite d’une locution dont il se servait sans cesse :— Ma Fine est la première de France.Sa Fine, c’était son cognac, bien entendu.Depuis vingt ans il abreuvait le pays de sa Fine et de ses Brûlots, car chaque fois qu’on lui demandait :— Qu’est-ce que j’allons bé, pé Toine ?Il répondait invariablement :— Un brûlot, mon gendre, ça chauffe la tripe et ça nettoie la tête ; y a rien de meilleur pour le corps.Il avait aussi cette coutume d’appeler tout le monde « mon gendre », bien qu’il n’eût jamais eu de fille mariée ou à marier.Ah ! oui, on le connaissait Toine Brûlot, le plus gros homme du canton, et même de l’arrondissement. Sa petite maison semblait dérisoirement trop étroite et trop basse pour le contenir, et quand on le voyait debout sur sa porte où il passait des journées entières, on se demandait comment il pourrait entrer dans sa demeure. Il y rentrait chaque fois que se présentait un consommateur, car Toine-ma-Fine était invité de droit à prélever son petit verre sur tout ce qu’on buvait chez lui.Son café avait pour enseigne : « Au Rendez-vous des Amis », et il était bien, le pé Toine, l’ami de toute la contrée. On venait de Fécamp et de Montivilliers pour le voir et pour rigoler en l’écoutant, car il aurait fait rire une pierre de tombe, ce gros homme. Il avait une manière de blaguer les gens sans les fâcher, de cligner de l’œil pour exprimer ce qu’il ne disait pas, de se taper sur la cuisse dans ses accès de gaieté qui vous tirait le rire du ventre malgré vous, à tous les coups. Et puis c’était une curiosité rien que de le regarder boire. Il buvait tant qu’on lui en offrait, et de tout, avec une joie dans son œil malin, une joie qui venait de son double plaisir, plaisir de se régaler d’abord et d’amasser des gros sous, ensuite, pour sa régalade.

https://short-edition.com/fr/classique/guy-de-maupassant/toine

Un Marocain (Tahar Ben Jelloun) chez les Kabyles:

Adaptation d’une nouvelle écrite par l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun.

Les histoires d’amour finissent mal en général et celles que raconte Tahar Ben Jelloun ne font pas exception à la règle. Comme celle de Slimane, le chauffeur de taxi au volant de sa Simca 1000 rouge qui prend un jour à son bord une femme enceinte qui ne sait pas très bien où aller. Slimane lui offre l’hospitalité et l’invite dans son appartement où s’entassent sa femme et ses trois enfants. Mal lui en prend, à peine installée, l’inconnue se montre arrogante et l’accuse d’être le père de l’enfant qu’elle attend. S’ensuit un procès et des analyses qui lavent Slimane de tout soupçon. Non seulement il ne peut être le père de l’enfant à naître mais, il l’apprend par la même occasion, d’aucun de ses enfants puisqu’il est stérile. L’histoire est inspirée d’un fait divers authentique. C’est d’ailleurs le mérite des vingt et une nouvelles qui composent ce recueil que d’évoquer les malentendus et les ambiguïtés des relations entre l’homme et la femme arabes avec une verve de conteur héritée des Mille et une Nuits et l’authenticité d’une véritable analyse sociologique. https://www.bibliothequesonore.ch/livre/12634