Nedjma ou l’amour impossible

Ce sont des âmes d’ancêtres qui nous occupent, substituant leur drame éternisé à notre juvénile attente, à notre patience d’orphelins ligotés à leur ombre de plus en plus pâle, cette ombre impossible à boire ou à déraciner, – l’ombre des pères, des juges, des guides que nous suivons à la trace, en dépit de notre chemin.

« Nedjma » – Kateb Yacine

I yiri-nwen ! (J’accuse ! )

« I yiri-nwen »
La confiscation de la liberté – sur tous les plans – fait de cet espace géographique que l’on appelle « Algérie » un camp de concentration, un asile de fous dans lequel des aliénés tiennent les rennes du pouvoir.
Une dictature à visage découvert s’y est installée. Doit-on parler du Système ou des systèmes qui gangrènent les cerveaux ankylosés par les années de braise et le silence rampant? Qu-avons-nous à dire des faux démocrates, des Chiens de garde de la dictature, de ce peuple qui a tissé sa corde en alimentant par ses soins la corruption et l’étouffement social? Et les Kabyles, sont-ils vraiment ouverts, laïcs, libres et émancipés comme le font certains avec un excès de zèle?

Et le statut de la femme dans cette société de domination masculine ? Y-a-t-il des choses à revoir dans nos habitudes (que l’on appelle traditions) ou elle est destinée à vivre – presque effacée – sous la loi de cette « société à laquelle on a inculqué la négation d’elle-même »?

En m’inspirant de la fameuse lettre qu’Emile Zola a envoyée au Président de la République Félix Faure, « I yiri-nwen » s’adresse :
– aux juges de l’injustice et de la soumission;
– aux nouveaux chiens de garde de la répugnante République;
– aux faux démocrates lâches et opportunistes;
– aux islamistes et la horde barbare aux services de la médiocrité;
– à ces pseudos défenseurs de la Kabylie à laquelle ils n’ont jamais appartenu;
– la femme dans cette société de domination masculine.

« I yiri-nwen » est un message de paix et de liberté.

Le dictateur algérien

Visionnaire, Charlie Chaplin mesurait déjà le danger du régime nazi dans « The Great Dictator », chef-d’œuvre réalisé en 1940.

Pour répondre à la bassesse de la dictature militaire qui s’installe en Algérie, en s’appuyant sur l’intégrisme islamiste, les opportunistes et la lâcheté des pseudos démocrates, j’ai choisi de vous livrer le discours (adapté en kabyle) de Charlie Chaplin à la fin du film « The Great Dictator ».

Ps : Ce discours final, ode à la liberté que Chaplin récita devant le président Franklin Roosevelt, débutait par ces mots « la vie peut-être libre et belle… »

[+ 18] Lqeḥba, ger igenni d imeṭṭi

Texte : Taous Ait Mesghat

Adaptation : Hace Mess

Musique : N.I.S

Il venait de la traiter de pute et elle fit semblant de ne pas l’avoir entendu ; elle se baissa pour ramasser ses sous-vêtements bon marché au pied du lit , vêtit la petite nuisette achetée 500 Da à Meissonnier et alluma une Business Royal mentholée pour oublier le goût du pourri qui émanait de lui . Elle se retourna enfin pour lui parler d’une voix douce mais cruellement teintée de mépris .

• « Je t’ai vu à la télé tu sais et j’ai beaucoup, mais vraiment beaucoup rigolé ; tu parlais des valeurs en déperdition dans notre société , de la pureté de la religion et de sa beauté , de la conscience et de l’intégrité , de l’éducation sur les préceptes conservateurs des anciens et de la préservation de l’identité . Il parait que tu es journaliste , tu parles bien mais Dieu ce que j’ai rigolé ; et puis ma petite tête de prostituée s’est demandé si tu ne serais pas de ceux qui prêchent tout le contraire de ce qu’ils sont en réalité et j’ai cherché ton nom sur Google pour lire les articles que tu as publiés ….  » .

• Les yeux delavés écarquillés , la bave sèche au coin des lèvres , de ces lèvres qu’on n’embrasse jamais , il avala une gorgée d’Absolut et lui lança avec dédain : « Depuis quand les prostituées comprennent elles les débats télévisés et les écrits des lettrés ? Tu n’es qu’une analphabète bête comme ses pieds ! »

• Sans se départir de son sourire narquois elle le freina dans sa lancée . « J’ai quitté l’école très jeune mais je ne suis ni inculte ni stupide , la vie m’a beaucoup enseigné . Tiens d’ailleurs je vais t’apprendre une chose qu’un client intellectuel m’a appris dans une soirée . Tu sais le genre d’intellectuel qui porte des lunettes , lit beaucoup et tire sur ce bidule qu’il appelle vaporette ; moi elle me rappelle plutôt le phallus qu’il n’a pas et qu’il voudrait compenser , mais ça c’est dû à la déformation professionnelle il ne faut pas trop le complexer . Je te disais alors que cet intellectuel qui vapote m’a appris que le mot pute venait de putride ou de puer . Tu vois ces sous-vêtements ? Ils ne valent pas cher mais ils sont neufs et jamais portés. J’ai un savon spécial pour mon intimité , je me douche plusieurs fois par jour et je ne fais rien sans me protéger . Je me prostitue mais je ne pue pas , je fais mon travail et je n’aime pas la saleté . Toi par contre tu écris ce que tu ne penses pas , tu prêches ce que tu ne fais pas , tu es l’avocat du diable pour quelques dinars payés . Tu vends ta plume , ton esprit et ton âme pour un poste , pour un logement , pour un voyage ou même pour un permis confisqué . Tu mens à tes lecteurs , tu trahis tes confrères qui ne bradent pas leur dignité et ne monnayent pas leur intégrité . Tu te mets à plat ventre le visage enfoui dans tes faux papiers , tu lèches les bottes et les culs de tes « sidi » de la même langue qui te sert d’épée , tu fais commerce des principes et de la religion pour servir ton opportunisme de scribouillard de caniveaux des torchons et des médias de la vilité . Tu vois, je me prostitue mais je n’ai personne à tromper , je ne prétends pas la vertu quand mon pain est de sperme mouillé ; mais toi tu te prostitues et tu trompes le monde entier .

• De nous deux prostitué.e.s , je crains fort que la pute c’est toi qui l’es et tu auras beau te laver rien ne pourra te purifier . Ton nom est à jamais inscrit dans la poubelle de l’histoire des journaleux de triste renommée  » .

• Les petits yeux delavés rouges de colère , la mâchoire crispée il leva son poing pour la frapper .

• « Ne t’avise surtout pas à utiliser ta force physique sur une femme pour prouver ta piètre virilité ; tu es nu , sans pantalon ni chaussures et je suis dans mes quartiers . Un seul cri et mes collègues fidèles vont te lyncher et à la Une d’Ecchorouk demain on lira [Scandale du journaliste nu chez des prostituées]….Et qu’est ce que je vais encore rigoler ……. » .

• Il sortit de la chambre abattu , la queue entre les jambes comme un chien maltraité et elle lui jeta ses vêtements dans les escaliers . Il rhabilla sa fierté , ravala sa bave , essuya une larme qui perlait de son oeil délavé quand le téléphone a sonné :  » Ahlan Sidi !!! Oui bien sûr à votre service Sidi !! La campagne sera grandiose Sidi !! An3am Sidi !!  » . Et le sourire des vauriens hypocrites sur son visage s’est redessiné en élaborant dans sa tête les textes mensongers dans la langue du prophète qui feront l’éloge de l’élu de la mascarade législative imposée .

Florilège de poésies kabyles_Tala n yizlan

Il s’agit d’une joute oratoire entre Sedda, une forte jeune fille « la lune est au ciel et elle sur terre » et un charmant berger de son âge. Leur lieu de rencontre était habituellement interdit aux hommes : « la fontaine des Izlan » (fontaine des chants) mais un jour, la main de Sedda fut accordée à un homme des plus fortunés du village. Leurs amours contrariés, les deux amants continuaient de se rencontrer furtivement au lieu-dit. avant d’entamer la joute, le jeune berger se dissimulait d’abords derrière une haie de verdure. Ainsi, Sedda, Une amphore servant de prétexte, remplie et vidée sans arrêt, répliquaient *elle à chacune des poésies tout en épiant l’indiscrétion de quelque badaud. Vinrent les noces de Sedda. Implacable et arrogant, le père de celle-ci, puissant dans tout le village, intima au jeune berger l’ordre d’amener le seul bien qu’il possédât : son cheval… afin qu’il conduisît chez son rival la fille qu’il aimait et pour laquelle il allait subir le pire des châtiments.

Poésie Paillarde kabyle: Chanson de femmes (19 ème siècle)

« Cette chanson est une de celles que chantent les femmes kabyles en tissant la laine ou en tournant le moulin à bras (1800-1860). Elle est l’œuvre exclusive des femmes, comme toutes les chansons du même genre, et il serait fort difficile d’en trouver l’auteur; chaque femme qui se sent inspirée ajoute son couplet et expose ses griefs.  » NDA.