Oscar Wilde chez les Kabyles

Adaptation libre de la nouvelle « l’ami dévoué » d’Oscar Wilde.

L’Ami dévoué est une vue bien pessimiste de l’amitié : égoïsme de l’un, naïveté confiante de l’autre, la victime.
« De vrais amis possèdent tout en commun, avait l’habitude de dire le meunier.
« Moh N Waxtin » approuvait de la tête, souriait et se sentait tout fier d’avoir un ami qui pensait de si nobles choses.
Parfois, cependant, le voisinage trouvait étrange que le riche meunier ne donnât jamais rien en retour au petit Moh… »

Amek almi di zman iğenğunen, di zman n la « téchnologie »… medden wḍen s aggur, wiyiḍ mazel-iten heddren ɣef akal; heddren ɣef ssuq, igenwan d wayen yeğğa zman. Tura kulci d uzzel, kulci d ayla, kulci d sεaya. Ayen yellan ger-aneɣ…. Taqbaylit-agi ifellaḥen, ixeddamen, yeğğa-tt lḥal…. Akka! Yiwen i teddu s nniya, iɣil medden akw d atmaten. Wayeḍ yufa-tt d lemziya, yettsumu deg’sen yekfaten.

Si le printemps revenait

Se retrouver préparateur de commandes, chauffeur de taxi ou livreur de pizza, au Québec, après un parcours universitaire couronné de succès et d’une carrière professionnelle confortable, peut amener tout individu à se poser des questions sur « La Condition Humaine ». La politique d’immigration tenait pourtant un discours plus que prometteur et miroitait la possibilité du rêve outre-Atlantique.
De l’évanouissement de ce rêve avait jailli le désir de mener une enquête sociologique sur « l’immigration choisie » qui moisit avec le temps et le rejet. En effet, la précarité de l’horizon qui s’offrait à moi avait suscité plein d’interrogations sur la sincérité du discours politique afférent au sujet précédemment cité (l’immigration choisie).
Tant de thèmes gravitent tout le long de la pièce « Si le printemps revenait »: les questions de langue, l’identité, la religion, la laïcité, l’aliénation, la minorité linguistique, les rapports de soi à soi, de soi à l’autre, les relations aux ancêtres, au français, etc.
Pour voir et apprendre plus, il suffit d’assister à ma pièce de théâtre « Si le printemps revenait » que la troupe théâtrale Tinifsan prépare.

A ne pas oublier le 22 mars 2014. Le jour de la représentation. L’unique, d’ailleurs!

Les tickets sont en vente sur le site de Le Gésu.
Au café Tikejda à Montréal.

Sabrina Azzi : L’hyène qui voulait se faire lion

Cette nuit là était plutôt morose et les étoiles avaient déserté le ciel. Une atmosphère lourde pesait sur les êtres vivants comme si une chape de plomb descendait inexorablement du ciel pour enserrer la planète terre jusqu’à l’étouffement. Cette lourdeur envahissait les cœurs dont les battements semblaient ralentir jusqu’à menacer de s’éteindre. Les hommes, les animaux, les plantes, tous ces êtres vivants paraissaient torturés d’une une peine indicible !

Ce soir là, la tristesse envahissait aussi l’hyène, nommée Tifist. La tête affaissée, le regard sans éclat, cette hyène était contrariée par ce calme soporifique et cette nature qui lui semblait alourdie, se dérobant sous ses pieds.

Comme chaque soir, l’hyène sortit de son marécage mais cette fois là, elle avait pris la décision de ne plus y remettre les pieds.

Oui c’est fini, se dit-elle. Je m’enkyste dans ce monde des hyènes sensé être le mien. Il n’est plus le mien, il a tourné le dos à l’espoir et je m’y sens étrangère. Pfff ! quelle laideur, quel dégoût ! Des hyènes sans envergure paraissent adulées par la meute. Alors quoi y faire quand les valeurs de groupe sont travesties pour profiter aux individus les plus médiocres, les plus insignifiants. Moi il me faut le grand large, oui les grands espaces où je brillerai comme une étoile.

Plus question de revenir vers la tanière qui l’avait vue naitre et grandir. C’est que Tifist en avait assez de vivre avec ses semblables que les femelles dominent et où les omnigames, comme elle, doivent se cacher pour vivre leur vie.

Elle vivait mal le fait que son image, comme celle de son espèce, soit repoussante. Dans un mouvement sec, presque violent, elle se secoua à plusieurs reprises comme pour faire sa toilette et prendre soin de son hygiène en se débarrassant des corps étrangers sur ses poils. Tifist partit d’un pas décidé et dit adieu à la petitesse de son quotidien pour aller à la recherche de la grandeur, de la gloire, de l’inconnu…

Elle marchait dans la forêt, elle marchait jour et nuit pour atteindre de nouveaux continents. Fière mais vigilante car étrangère à ce nouveau territoire marqué par les odeurs d’animaux plus gros et sans doute prédateurs. Au moindre bruit, elle se tapit derrière les arbres ou se dissimula dans les buissons épais et humides. Mais de temps à autre, elle éleva la voix pour signifier à qui veut l’entendre qu’elle n’a peur de personne. Au fond d’elle-même elle tremblait sans discontinuer. Alors pour se rassurer, elle se mit à parler à haute voix.

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Troupe Théâtrale Tinifsan

« Nous » avons créé la troupe théâtrale Tinifsan (l’Épanouie, en français) pour redonner à la beauté ses pouvoirs…. La légende raconte que, au 7ème siècle, la Reine Dihya avait une armée de femmes; des amazones. Parmi elles, les auteurs citaient souvent Agus, Amagus, Nara, Maya et Tinifsan. Sa légende m’a permis de voir en cette femme, je veux dire Tinifsan, l’expansion de la beauté, la rebelle et l’éternelle Femme que, comme dirait Kateb Yacine, on viole et qui reste toujours « Immaculée ».

Si Moh en spectacle à Montréal

le chanteur-poète de Tizi-Ouzou né le 13 mai 1959 porte les nouveaux courants d’une musique algérienne dont l’antique métissage permet les interprétations les plus novatrices qui n’altèrent en rien les racines multiples du registre kabyle fondateur. La musique arabe, dont l’histoire traverse les siècles depuis les splendeurs de la Syrie et de la Perse anciennes, s’est nourrie d’influences profuses, sachant que le royaume Al-Andalus où se côtoyaient Arabes, juifs ou chrétiens wisigoths est demeuré le symbole de cette ouverture intellectuelle, qui fut réduite au néant en 1492 par les rois catholiques.

Quand soliste et chœur dialoguent…

Source : http://www.music-berbere.com/artiste-si-moh-ia-4.html#ixzz69F3ix6CT

Matoub Lounès : poésie inédite

Matoub est un chanteur algérien réputé tant pour ses compositions que pour son engagement politique en faveur des Berbères et du développement de la laïcité dans son pays. Il paiera ses prises de position de sa vie en 1998.

Né en pleine guerre d’Algérie en 1956, Lounès Matoub est exposé dès le plus jeune âge aux tourments politiques. Enfant rebelle, dissipé à l’école, le jeune Kabyle n’en est pas moins rapidement attiré par la musique. À 9 ans, il se fabrique sa propre guitare, et compose alors ses premiers morceaux. Mais les déchirements de son pays et la stigmatisation du peuple kabyle vont surtout éveiller sa conscience politique. À 12 ans, il refuse l’arabisation du système éducatif, et quitte le circuit scolaire traditionnel. Il rejoint la France en 1978 en quête d’un travail. C’est dans les cafés kabyles parisiens qu’il débute modestement son parcours musical, jusqu’à se faire remarquer par un des grands chanteurs berbères : Idir. Ce dernier lui donne l’opportunité d’enregistrer son premier album, « Ay Izem » (1978), qui rencontre un succès étonnant.

https://www.linternaute.fr/musique/biographie/1777714-matoub-lounes-biographie-courte-dates-citations/

Zedek Mouloud à Ottawa (Canada)

Mouloud Zedek, sur le berceau duquel les muses de la poésie et de la musique se sont penchées le jour de sa naissance, s’est lancé dans la chanson vers les années 80. Chanteur-compositeur-interprète, il a percé sur la scène artistique en séduisant dès son premier album son public en redonnant ses lettres de noblesse à la chanson kabyle, trop longtemps confinée dans le folklore.

Son style de musique et ses chansons à texte particulièrement confirment sa singularité de tailleur de mots, en passant le réel, les maux et les bonheurs de tous les jours, au travers de son regard poétique.

Taqbaylit ou la dépersonnalisation de la Kabylie

Chanteur engagé, il a aussitôt annoncé la couleur de son combat pour la liberté, la laïcité, les valeurs humaines. Étant l’un des meilleurs chanteurs kabyles sur la scène artistique actuelle, il se distingue par la richesse de ses textes et de son vocabulaire recherché. Il remet au goût du jour des mots et des expressions qui ont quasi disparu dans l’usage de la langue kabyle, l’influence de la langue arabe et du français aidant. Ce qui fait de lui une référence incontournable en matière de langue amazighe : plus de 20 mémoires ont été consacrés à ses œuvres par des étudiants en tamazight et en français. A 58 ans, dont 38 ans de carrière, il est en train de passer de chanteur populaire engagé à valeur certifiée.

D abid kan

Tout comme ses idoles Cheikh El Hasnaoui, Slimane Azem, Taleb Rabah et Hnifa, ses aînés, il puise son inspiration dans tout ce qui touche la société, l’école, l’éducation, l’amitié, la solidarité, la nostalgie, des parfums subtils des premières amours avec ses chagrins et ses moments de joie, de la sueur des stoïques paysans kabyles et tant d’autres thèmes, mais surtout de la question identitaire, son cheval de bataille durant trente-huit ans de carrière artistique. Perfectionniste dans l’âme, il soigne particulièrement ses textes en insufflant une bonne dose de magie à son vocabulaire riche, ce qui lui vaut le surnom d’«Ahadad b’awal », le ciseleur de mots. Dans la pure lignée d’Aït Menguellat, Matoub, Idir, des artistes qu’il admire et respecte profondément. https://zedekmouloud.com/biographie/

A tinna hemleɣ

Amεezbaṛ : Chant de joute opposant les belles-mères et les brus.

Odyssée dans une mémoire en déperdition

L’ouvrage est tiré de la thèse de doctorat en ethnomusicologie soutenue par l’auteur en 1992 à l’université de Paris X Nanterre, intitulé : Répertoire musical d’un village berbère d’Algérie (Kabylie). L’auteur a choisi comme objet d’étude huit circonstances ou occasions sociales auxquelles sont liés plusieurs genres musicaux, à savoir, la naissance d’un garçon, le mariage, l’évocation amoureuse, la joute chantée opposant les belles-mères et leurs brus, la berceuse pour endormir les enfants, la sauteuse servant à amuser les bébés et la mort (veillée funèbre) et la guerre.

Pour chaque genre est consacré un chapitre. Dans chaque rite, accompagné de l’un de ces genres musicaux, est intégré un corpus de chants exécutés en la circonstance. Ils sont transcrits dans les versions kabyle et française.
Ces chants ont été recueillis dans plusieurs villages, notamment à Aït Issaâd, Mezeguène (Illoula), Igourès, Aït Hichem, Taourirt Ath Menguellath et Agouni N’Tslant (Aïn El Hammam), Taourirt Amokrane (Larbaâ Nat Irathen) et Tala Gehya, petit hameau du village Aït Brahim (Aït Ouagnoun).
Ces missions de terrain ont été réalisées du 23 avril au 17 mai et du 5 au 28 septembre 1982 ; du 25 juillet au 22 août 1983 et, enfin, du 25 mars au 2 avril 1984. L’avantage de telles enquêtes est de connaître les nuances sur un mot, un genre musical, un rite ou un événement entre autres.
Vu que d’un village à un autre, ou d’une tribu à une autre, il existe de légères différences quant à l’application d’un événement et les rites et chants qu’il suscite en la circonstance.
Cependant, l’auteur a étudié ces rites et genres dans un seul village, en l’occurrence Aït Issaâd, commune d’Ifigha (Azzazga) avec comme période, l’année 1986. Période durant laquelle ces rites et chants sont en phase de déperdition vu les mutations sociales que vit la région.

L’auteur définit la musique villageoise, comme « musique composée, interprétée et transmise par les seuls villageois. » (P. 46)

Dans chaque rite, sont étudiés la dimension de l’espace et du temps des chants exécutés en conséquence et le rôle de chaque partie pour marquer l’événement (l’individu, la société, le village, le quartier, la famille, l’homme et la femme). D’où le recours par l’auteur à des approches sociologiques tout en s’intéressant aux détails et indices, éléments importants dans les recherches en sciences humaines.
Aussi, à titre comparatif, il a pris soin de faire des rétrospectives, d’aborder d’autres genres musicaux et rites. L’auteur conclut (en résumé) que « les chants spécifiques villageois sont tous et en tous les cas exécutés par les seuls habitants du village, en l’occurrence les femmes » (p. 263). D’où cette « Autarcie musicale » qui caractérise le répertoire de ces chants. Comme « la pratique musicale est une activité codifiée dans le cadre de la société villageoise » (p 266).
Et « tous les champs du corpus sont homophoniques et se réalisent acapella, à l’exception du chant de joute, opposant les brus et les belles-mères que les femmes accompagnent parfois d’une percussion ». (p 268).

Au-delà de sa dimension scientifique, l’ouvrage constitue une entreprise importante de sauvetage du moins d’une partie infinitésimale du répertoire musical et rituel kabyle. Partie infinitésimale, mais importante et qui reste un gisement riche à exploiter.

Outre cet ouvrage, notons que Mehenna Mahfoufi a déjà publié Musiques du monde berbère. Ecoute interactive et découverte (Editions association Awal 2001). Il s’agit d’un ouvrage pédagogique destiné aux professions de musique au niveau des collèges.

Mehenna Mahfoufi

http://www.berberes.net/forum/viewtopic.php?f=5&t=377